Un art du tissage jalousement préservé dans les villages

Le tissage des pagnes relève d'un savoir dont la transmission est demeurée purement orale et intergénérationnelle. Nul texte ne la codifie : «chaque village a sa main», dit-on sur place. Pourtant, des gestes et techniques sont partagées dans toute la zone de production.

L'habileté des tisserands

L'image la plus emblématique de la production du pagne baoulé est l'activité de tissage en position debout, où le tisserand passe habilement la navette (Kloklo) de main en main tout en actionnant les pédales, comme vous pouvez le voir sur les vidéos ci-contre.

Pendant ce temps, un poids suspendu (bien souvent une simple pierre) maintient la tension du fil.

Ces simples images illustrent de façon frappante l'étendue des connaissances techniques accumulées au fil des siècles et qui s'incarnent autant dans la virtuosité du geste que dans le perfectionnement des métiers de fabrication locale.

Mais avant d'en arriver au tissage proprement dit, de nombreuses étapes de préparation sont nécessaires aux tisserands pour apprêter leur ouvrage.

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La préparation du fil

La confection d'une seule pièce requiert des quantités considérables de fil. Le tisserand étend la longueur désirée autour de piquets qu'il a plantés en terre.

Le fil se voit appliquer des caches ou "Dolay"

Le fil ainsi déroulé sera ensuite lavé. Pour certaines variétés de tissus (Blénou Tani notamment), des caches en caoutchouc sont appliqués sur les parties du fil qui ne sont pas destinées à être teintes, de façon à faire apparaître les motifs.

À l'inverse, pour les variétés de tissu les plus prestigieuses telles que le Nankanfian, le motif est créé seulement au cours du tissage, au prix d'un travail accru.

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L'élaboration du N'zalé

Le n'zalé

La réalisation des lisses ou N'zalé est une étape si minutieuse qu'elle est parfois confiée à des artisans spécialisés.

Il s'agit de passer dans un cadre autant de fils qu'en comportera la bande de tissu.

Sur le métier, les fils devront alors passer à travers le N'zalé puis à travers le peigne pour arriver jusqu'à l'artisan.

L'artisan aura dû également préparer une bobine de fil afin de l'insérer dans la navette.

On prend ainsi la mesure du travail considérable qu'exige la seule mise en place du dispositif technique qui va permettre la production d'une pièce de tissu !

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L'assemblage de la pièce de tissu

Le rouleauUne fois le tissage terminé, le tissu se présente donc en bandes continues sous forme de rouleau. Mais le tisserand a pris soin, entre chaque tissage d'arrêt, de laisser des parties non tissées : elles permettront de couper le tissu en portions à la longueur désirée. C'est ainsi que se forment les franges que vous voyez pendre à chaque extrémité de l'étoffe.